Nouveaux indices sur la mort de Jolène Riendeau
MISE à JOUR
L’enquête entourant le meurtre de Jolène Riendeau, en 1999, à Montréal, aurait progressé de façon importante depuis qu’un nouveau témoin a décidé de donner sa version des faits aux policiers.
MAGALIE LAPOINTE
PHOTO LE JOURNAL DE MONTRÉAL, MAGALIE LAPOINTELes parents de Jolène Riendeau (en portrait), Dolores Soucy et René Riendeau, ont maintenant l’aide de l’avocat Marc Bellemare (à gauche).
Un homme, qui était l’un des voisins de Jolène Riendeau lorsqu’elle est disparue en 1999, affirme que plusieurs détails étranges sur ce qui s’est passé le 12 avril 1999 lui sont revenus en mémoire.
Il a rencontré les enquêteurs du Service de police de la Ville de Montréal l’été dernier et ces derniers confirment que l’enquête a progressé.
«Vous savez, je vieillis et, aujourd’hui, je réalise bien des choses qui se sont produites ce soir-là. Des petits détails, mais qui peuvent avoir leur importance», a dit le voisin dont on doit protéger l’anonymat et qui était adolescent au moment du crime.
Le commandant aux crimes majeurs du Service de police de Montréal, Vincent Rozon, confirme que l’enquête progresse.
«Ce qu’il nous a dit nous a menés à vouloir rencontrer un nouveau témoin important», a-t-il dit.
Pour l’instant, les policiers ne parlent pas d’un nouveau suspect, mais plutôt d’un témoin important.
On se rappelle que le principal suspect dans cette affaire, Robert Laramée, n’a jamais été accusé. Mais la mère de Jolène Riendeau, Dolores Soucy, l’avait frappé d’un coup de poing à la tête en 2012 quand celui-ci, accusé d’agression sexuelle sur une femme, avait été acquitté.
Mme Soucy avait reçu une absolution inconditionnelle pour son geste.
Sac de croustilles
Le 12 avril 1999, Jolène Riendeau avait quitté la maison peu avant le souper, avec ses patins à roues alignées et quelques dollars en poche, pour aller s’acheter un sac de croustilles au dépanneur. Elle n’est finalement jamais rentrée au domicile familial situé dans le quartier Pointe-Saint-Charles.
Les parents de Jolène avaient attendu jusqu’à 1 h (heure où le dernier autobus arrêtait sur la rue Centre, à Pointe-Saint-Charles) avant d’appeler les policiers.
Les restes de la fillette ont été retrouvés en 2010 près du pont Champlain.
En juillet dernier, la mère de Jolène Riendeau, Dolores Soucy, a reçu d’importantes révélations d’un voisin de l’époque, mentionnant qu’il était maintenant prêt à parler de ses souvenirs, que ça faisait assez longtemps qu’il les gardait pour lui.
Enquête
Le SPVM confirme que l’enquête sur la mort de Jolène Riendeau n’a jamais été abandonnée et que les nouvelles informations l’ont fait progresser.
Depuis le 12 avril 1999, pas moins de 1613 informations ont été traitées et validées par les policiers. Selon le commandant aux crimes majeurs du Service de police de la Ville de Montréal, Vincent Rozon, il est normal que les policiers changent au cours des années, vu la longueur de ces enquêtes. Par contre, il assure que toutes les informations restent au dossier. Au SPVM, on compte 412 dossiers de crimes non résolus depuis 1990 et 806 enquêtes concluantes sur des homicides.
«Vous savez, c’est très frustrant, pour un policier, d’être convaincu de qui est le suspect et de ne pas avoir assez de preuves contre lui. Ce que je peux dire, c’est que suite aux révélations de l’ancien voisin de la famille, un nouveau témoin important sera bientôt rencontré.»
LES PARENTS VEULENT DES NOUVELLES DES POLICIERS
Près de 20 ans après le meurtre de leur fille, les parents de Jolène Riendeau se disent déçus d’avoir reçu si peu de nouvelles de la part des policiers.
Lors de la disparition de leur fille, ils avaient souvent des retours d’appel, des suivis, des rencontres, et ils avaient une excellente collaboration avec le SPVM. Les années ont passé, de nouvelles équipes se sont formées et la communication se serait complètement effacée.
«C’est pire depuis la découverte du corps de Jolène [en 2011], ils ne nous parlent pas et ne retournent même pas nos appels», a dit René Riendeau, le père de Jolène.
Implication
L’ancien ministre de la Justice, l’avocat réputé Marc Bellemare, a décidé de s’impliquer dans le dossier pour s’assurer que les parents de Jolène Riendeau obtiennent les informations qui leur sont dues concernant l’enquête.
Pour l’avocat, le cas du couple Soucy-Riendeau n’est pas différent des autres cas de meurtre non résolu. Il prétend que les policiers manquent souvent de compréhension et d’empathie envers les victimes.
«Dans chaque cas d’enlèvement ou d’homicide, il faut grouiller, être alerte, il faut être actif. La famille a besoin des retours d’appel des policiers pour continuer d’y croire. Ce serait quoi, d’appeler les familles trois ou quatre fois par année?»