Qui entend les victimes ?

Alexandre Livernoche. Julie Surprenant. Julie Boisvenu. Nathalie Simard. Ce sont des noms qu’on entend aux nouvelles, qu’on lit dans les journaux. L’affaire Livernoche. L’affaire Surprenant. L’affaire Boisvenu. L’affaire Simard. Des jeunes violées, assassinées, des enfants disparus dont on retrouve le corps agressé. Victimes de récidivistes, de gars relâchés trop tôt par un système débordé. Ou, comme Nathalie Simard, victime d’un homme célèbre auréolé de gloire.

Sophie Durocher – 27 avril 2013

Mais ce soir, ce n’était plus juste des noms que j’entendais aux nouvelles. C’était des êtres en souffrance, en chair et en os. J’ai serré dans mes bras la mère d’Alexandre Livernoche. Le père de Julie Surprenant. Le père de Julie Boisvenu. Et Nathalie Simard.

Ils faisaient partie des 125 personnes, victimes ou parents de victimes de crimes violents, réunis en colloque à Québec. 125 drames humains réunis dans une même salle, ça fait beaucoup de souffrance au pouce carré. Beaucoup de larmes, d’émotions.

En fin de semaine, j’ai accompagné à Québec mon mari qui participait au colloque organisé par Marc Bellemare pour donner la parole aux victimes. Celles qu’on n’entend qu’en clip de 20 secondes aux nouvelles. Celles qui retournent ensuite soigner leurs blessures, noyer leurs peines, couler leurs larmes chez elles, loin des caméras. Celles qui sont en colère contre le système de justice qui les revictimise une deuxième fois. Celles qui trouvent qu’on ne les écoute pas assez et qu’on écoute trop les agresseurs, les violeurs, les tueurs.

Comme journaliste, on a tous une responsabilité. Celle d’équilibrer les projecteurs et de les pointer plus souvent vers les victimes.

Les criminels, eux, ont suffisamment de temps d’antenne.