La coroner Catherine Rudel-Tessier estime que Julie Suprenant, disparue en 1999, a probablement été enlevée à sa descente d’autobus à l’île Saint-Jean à Terrebonne avant d’être assassinée et que Richard Bouillon serait le responsable, selon les témoignages qu’elle a entendus.
Dans un rapport dévoilé lundi matin, la coroner reconnait que son enquête n’a «pas permis d’éclaircir les circonstances de la disparition» de cette adolescente de 16 ans, dont le corps n’a pas été retrouvé.
Il est cependant clair qu’elle n’a pas fait de fugue selon le document.
La coroner a expliqué que Richard Bouillon, condamné à multiples reprises, notamment pour des affaires d’agressions sexuelles, de tentatives de viol et d’attentat à la pudeur, a avoué en 2006 avoir tué Julie Surprenant.
Il a fait ces révélations à des employés qui prenaient soin de lui lorsqu’il était en phase terminale d’un cancer. Ces informations avaient déjà été rapportées par les médias.
La coroner s’étonne toutefois qu’aucun des gardiens des services correctionnels qui étaient présents en tout temps dans la chambre d’hôpital de Richard Bouillon n’ait entendu ces confessions.
Déception de la famille
Catherine Rudel-Tessier a écrit que «la déception de la famille Surprenant de ne pas avoir pu connaître la vérité se comprend».
Le père de Julie Surprenant, Michel Suprenant, demande de rendre plus accessible le dossier criminel sur les délinquants sexuels, comme c’est déjà le cas dans d’autres provinces canadiennes.
Richard Bouillon habitait, à l’époque de la disparition, au-dessus de l’appartement de Michel et Julie Suprenant. «Si j’avais eu ses antécédents, je ne serais pas resté là, c’est évident», a déclaré le père de la victime, qui accueille tout de même positivement le rapport de la coroner.
Or, il est impossible, au Québec, d’obtenir le dossier criminel d’un individu sans sa date de naissance. Pourtant, le plumitif civil d’un individu est disponible au grand public sans cette contrainte, ce que déplore l’avocat Marc Bellemare.
«On peut savoir si vous avez fait trois, quatre faillites, si vous avez été poursuivi trente fois devant les tribunaux civils, mais on ne peut pas savoir si vous avez agressé une petite fille il y a quatre ans», a dénoncé Me Bellemare.
Selon la coroner, ces questions «peuvent avoir de lourdes conséquences» qui remettent en cause «des principes fondamentaux en vigueur dans notre société». Elle a précisé que ce n’était pas de son ressort de trancher ces débats.