Simon Jolin-Barrette, nouveau «ministre de l’Indigence»

Simon Jolin-Barrette, nouveau «ministre de l’Indigence»

Photo d’archives, DIDIER DEBUSSCHERE
Faites la différence


Le premier ministre Legault ne l’a pas annoncé lors de son mini-remaniement dernièrement, mais c’est virtuellement le cas. Son ministre de la Justice, Simon Jolin-Barrette, deviendra, le 14 octobre prochain, le tout premier ministre de l’Indigence.

Sa clientèle? Des milliers de victimes d’actes criminels (IVAC), 78% de femmes, totalement invalides, inaptes à tout emploi, même au salaire minimum, même à temps partiel.

Loi sur l’indemnisation

Il doit bien connaître ces victimes, le ministre, puisque c’est lui qui a fait adopter la nouvelle loi sur l’indemnisation des victimes d’actes criminels en octobre 2021. C’est lui qui a pompeusement piloté cette réforme, la présentant comme une grande avancée et passant sous silence le recul majeur que je viens d’énoncer.

L’ancienne loi, depuis 1972, ne prévoyait aucun délai maximum d’indemnisation. Le remplacement de revenu était versé par l’IVAC tant que l’incapacité perdurait.

Évidemment, la majorité des victimes retournaient au travail dans les mois suivant le traumatisme. Pour certaines toutefois, les plus lourdement handicapées, le retour au travail s’avère impossible trois ans après l’agression. De celles-là, le ministre Jolin-Barrette n’en a rien à cirer.

Abandon

Pour toute réponse, le ministre nous dit que le régime coûte cher et que plus de victimes sont désormais admissibles. Il inclut dans le calcul les salaires des fonctionnaires, des Centres d’aide aux victimes d’actes criminels (CAVAC) et les subventions versées aux nombreux groupes dédiés à l’aide aux victimes. Ces sommes n’atterrissent pas dans le portefeuille des victimes quand vient le temps de payer l’épicerie et le logement. Quant aux victimes nouvellement admissibles, elles le seront très majoritairement pour des traitements psychologiques seulement. Et bonne chance pour trouver un thérapeute.

Ce qui est le plus révoltant, voire insultant pour ces victimes qui seront abandonnées à leur sort le 14 octobre prochain, c’est l’entêtement du ministre à reconnaître cet immense recul, son absence totale d’écoute et d’empathie.

Le proverbe chinois dit: «Quand le sage montre la lune, l’idiot regarde le doigt.» Le ministre nous prend pour des idiots qui ne regardent que son doigt. Les milliers de victimes de sa réforme ignoble qui seront à la rue en octobre prochain verront, elles, la lune en direct. Seules et indigentes.

Marc Bellemare

Avocat des victimes

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