Accidenté, un homme craint de tout perdre

SAGUENAY – Un homme du secteur Jonquière, qui a été victime d’un accident de la route en janvier 2014, craint de perdre tous ses biens si la Société de l’assurance automobile du Québec (SAAQ) refuse de l’indemniser.

Yves Gagné a reçu des indemnités jusqu’à tout récemment, mais à la suite d’une nouvelle expertise médicale réalisée en mars dernier, l’organisme a jugé qu’il était apte à retourner au travail.

«Quand ce ne sont pas mes oreilles qui me font mal, c’est ma tête, explique celui qui vit depuis deux années et demie avec les séquelles de son accident. Je ne suis plus capable de contrôler mon diabète, alors qu’avant l’accident, tout allait bien. J’ai aussi des vertiges et je suis toujours fatigué», a détaillé M. Gagné.

Le quinquagénaire ne comprend pas que la SAAQ l’oblige à consulter un psychologue et un chiropraticien, alors qu’elle refuse de le dédommager et qu’elle prétend que ses problèmes de santé ne devraient pas l’empêcher d’être actif.

Ses proches l’ont convaincu de demander des prestations d’aide sociale, mais les 750 $ qu’il reçoit par mois ne sont pas suffisants.

SA RÉSIDENCE

Il craint maintenant de perdre sa résidence, acquise il y a une dizaine d’années.

La banque menace de le saisir, s’il ne trouve pas l’argent pour payer son hypothèque.

M. Gagné avait entrepris des travaux de rénovation dans sa résidence, mais il n’a pas l’argent nécessaire pour les compléter ni la capacité physique pour les réaliser.

«J’ai un délai de six mois et dans six mois, si rien n’a bougé, je vais tout perdre», a souligné M. Gagné.

Désemparé, il a confié son dossier à l’avocat Marc Bellemare.

«Quand une victime de la route subit une commotion cérébrale ou un traumatisme crânien, la SAAQ a beaucoup de difficulté à accepter cette réalité-là, précise le l’avocat. C’est comme si ça n’existait pas pour elle.»

EN OTAGE

La cause sera entendue devant le tribunal administratif du Québec une fois que M. Gagné se sera soumis à trois expertises médicales qui pourraient lui coûter jusqu’à 5000 $.

«Il ne faut pas lâcher, soutient Me Bellemare, parce que si ses problèmes de santé sont encore là deux ans après l’accident, ils le seront encore dans deux ou dix ans, donc c’est maintenant qu’il faut que ça se règle. Peu importe le temps que ça va prendre, il faut absolument gagner ce dossier-là.»

«Le système nous prend en otage, dénonce Yves Gagné. Si tu n’as pas de ressource, le système t’écrase et après on se demande pourquoi des personnes se suicident à cause de la SAAQ. J’ai complètement perdu ma dignité», a-t-il confié, admettant avoir pensé mettre fin à ses jours.

«J’essaie de passer au travers, mais je ne sais pas comment ça va finir, dit-il inquiet. Je n’en ai aucune idée.»