Attentat de Québec: d’autres familles veulent être indemnisées
– Gabriel Béland, La Presse
(Québec) Six nouvelles demandes auprès du programme d’indemnisation des victimes d’actes criminels (IVAC) en lien avec l’attentat du 29 janvier 2017 ont été déposées hier, deux ans jour pour jour après le drame.
Parmi ces demandes se trouvent celles des trois enfants d’Azzedine Soufiane, mort en héros en tentant d’arrêter le tireur, a appris La Presse. Elles ont été déposées par l’intermédiaire de Marc Bellemare. L’avocat représente en tout une quinzaine de proches des victimes qui cherchent à être reconnus par l’IVAC.
« Le fait que ces demandes-là n’aient pas été faites avant [hier] s’explique par la mauvaise compréhension du concept de victime, affirme Me Bellemare. Et c’est en grande partie attribuable à la mauvaise information donnée par l’IVAC selon laquelle il faut être présent sur les lieux du crime. »
« L’IVAC ne joue pas franc jeu avec les victimes. » – Marc Bellemare, avocat représentant des proches des victimes de l’attentat de Québec
La journée d’hier représentait la date limite pour déposer une demande afin d’être reconnu comme victime de l’attentat. Les demandeurs avaient deux ans pour le faire.
Les six demandes faites in extremis hier ont été inspirées par le cas de Khadija Thabti, veuve d’Aboubaker Thabti, l’un des six Québécois de confession musulmane tués dans l’attentat. L’IVAC avait refusé par deux fois de reconnaître comme victimes la veuve et ses deux enfants de 13 et 5 ans. Mme Thabti et ses enfants avaient passé la nuit à chercher Aboubaker à la mosquée puis dans les hôpitaux.
Marc Bellemare se préparait à défendre son cas lors d’une journée d’audience devant un tribunal administratif hier. Mais le ministère de la Justice a plutôt décidé, dans un revirement inattendu, de reconnaître la mère et les deux fils vendredi. Ils auront droit à des compensations supplémentaires.Cette volte-face de l’IVAC a donc décidé six autres proches des victimes à déposer leur demande. Parmi eux se trouvent les trois enfants d’Azzedine Soufiane, qui sera honoré lundi par l’État québécois pour sa bravoure. Il doit recevoir la médaille du civisme pour actes héroïques, a révélé hier La Presse. Il avait tenté de désarmer le tueur.
Selon Marc Bellemare, l’IVAC refuse souvent de reconnaître comme victimes des demandeurs qui n’étaient pas sur place au moment du crime. Or, ces personnes ont aussi des séquelles. « T’es pas obligé d’être là quand la balle sort du fusil ! », dit-il.
Il accuse l’IVAC d’induire les familles des victimes en erreur sur son site internet et dans ses décisions.
« C’est pas honnête pour les victimes. Parce que toutes celles qui ne contestent pas sont privées de leurs droits ! À la base, ils devraient accepter tous ces cas dans le respect de la jurisprudence, dit-il. Depuis 2015, trois jugements majeurs ont été rendus. Dans tous ces cas, ce sont des victimes qui n’étaient pas présentes. »