Décès du cycliste Sébastien Filteau les parents pensent que l’accident aurait pu être évité

Les parents du cycliste Sébastien Filteau, happé à mort par un chauffard en 2021, pensent que la vie de leur fils aurait pu être épargnée. Ils peinent à comprendre pourquoi le conducteur Bruno Boisvert-Dallaire, qui faisait l’objet de plusieurs mandats d’arrestation, n’a pas été épinglé par les policiers avant la collision.

Michel Filteau et Diane Camiré sont toujours à fleur de peau, trois ans après le tragique événement. L’homme qui a happé Sébastien Filteau à 133 kilomètres/heure sans jamais s’arrêter faisait l’objet de plusieurs mandats d’arrestation qui n’ont pas été exécutés.

«J’étais tellement en colère [lorsque j’ai appris cela]. Je le suis encore», lance M. Filteau, en peinant à retenir des sanglots.

«Je n’en ai pas contre les policiers. J’en ai contre les gestionnaires qui ont priorisé les tâches aux patrouilleurs, pour que ces gens-là émettent des billets d’infraction au lieu d’accomplir les mandats que les juges ont planifiés», indique le père de famille.

 

Photo tirée de l’avis de décès de la victime

 

L’avocat Marc Bellemare défend depuis des dizaines d’années les victimes de collisions de la route. Il a décidé de soutenir les parents dans leurs démarches.

«Si [Bruno Boisvert-Dallaire] n’avait pas été sur la route, il n’aurait pas tué Sébastien Filteau. Il aurait peut-être même été arrêté, incarcéré. Il n’avait quand même pas un, pas deux, mais sept mandats d’arrestation qui couraient contre lui», analyse-t-il.

«La police ne bougeait pas même s’ils savaient que c’était un récidiviste. C’est un individu qui avait un dossier criminel extrêmement chargé», tonne l’avocat.

Le Service de police de Sherbrooke refuse pour l’instant de commenter le dossier. Le porte-parole à la retraite René Dubreuil se porte toutefois à la défense du travail des forces de l’ordre. Il estime entre autres que le délai de traitement entre le moment où un juge lance un mandat d’arrestation et le moment où les policiers le reçoivent au poste peut être long, allant même jusqu’à «quelques semaines».

«Une fois que ça, c’est fait, les policiers vont exécuter les mandats en fonction des urgences, poursuit M. Dubreuil. Les mandats, il doit y en avoir […] plusieurs par jour, alors ce n’est pas évident», indique l’ex-policier.

Pour la famille et l’avocat Bellemare, c’est aussi l’opacité de l’information qui dérange.

«Où sont les mandats d’arrestation? Comment ça se fait que vous n’avez pas agi pour neutraliser cet individu-là? Comment ça se fait que vous ne l’avez pas arrêté?, énumère Me Bellemare en exemple. Les familles sont dans l’inconnu.»

Le ministre de la Sécurité publique, François Bonnardel, a décliné la demande d’entrevue de TVA Nouvelles. «Un décès est toujours un décès de trop, peu importe le contexte. Le traitement et l’exécution des mandats relèvent des corps de police à travers le territoire québécois et nous allons les laisser s’expliquer», écrit toutefois son cabinet dans un échange de textos.

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