La disparition de Cédrika Provencher portée à l’écran

(Québec) L’histoire de Cédrika Provencher sera portée à l’écran par le réalisateur Stéphan Parent, qui souhaite ainsi relancer l’enquête sur la disparition de la fillette survenue en juillet 2007 à Trois-Rivières.

ÉLISABETH FLEURY | Le Soleil

«On n’a rien à perdre et tout à gagner», a résumé l’avocat Marc Bellemare au cours d’une conférence de presse tenue hier à Québec en compagnie du père de Cédrika, Martin Provencher, du réalisateur Stéphan Parent et du producteur Ugo Fredette.

Le film, décrit par le réalisateur comme un «documentaire d’enquête», permettra de délier la langue de ceux qui n’osent pas se confier aux policiers, espère-t-on. «Il y a beaucoup de gens qui ne parlent pas aux policiers, qui hésitent, qui sont craintifs parce qu’ils ont peur de se retrouver témoins dans une cause célèbre», a expliqué Me Bellemare.

Outre Empress of Ireland, Stéphan Parent a réalisé Novembre 1984, un documentaire portant sur les meurtres de six enfants montréalais et l’enlèvement d’un autre, dont le corps n’a jamais été retrouvé. Selon M. Parent, le film aurait permis de recueillir des informations sur ces sept disparitions jamais élucidées survenues dans les années 80 et 90, mais aussi sur celle de Cédrika Provencher.

Me Bellemare apparaissait dans Novembre 1984 aux côtés notamment du chroniqueur judiciaire Claude Poirier. Il n’est d’ailleurs pas exclu que ce dernier contribue au nouveau documentaire de Stéphan Parent, «mais avec ce qui lui est arrivé, on va lui laisser le temps de remonter la pente», a mentionné le réalisateur, qui faisait évidemment référence aux déboires financiers du journaliste.

Un suspect

Novembre 1984 pointe un suspect qui demeurerait toujours à Trois-Rivières, selon Stéphan Parent, qui fait un lien entre ledit suspect et la disparition de Cédrika Provencher. À chaque fois que l’individu habitait dans un secteur donné, un enfant disparaissait, a-t-il rappelé hier. L’homme, qui change souvent d’adresse et de véhicule, est désigné comme «le chambreur» par le cinéaste dans Novembre 1984.

L’individu en question aurait déjà loué une chambre au chauffeur de taxi arrêté – puis relâché et décédé depuis – en lien avec la disparition du jeune Maurice Viens à Montréal en 1984, selon Stéphan Parent. L’homme aujourd’hui dans la cinquantaine a déjà été hospitalisé à Pinel après avoir assassiné un garçon de 12 ans alors qu’il était lui-même mineur. Le film Cédrika y fera allusion, a précisé hier le réalisateur, qui ne cache pas sa volonté de resserrer l’étau autour de cet individu. Entre autres.

«Quand on a présenté le film Novembre 1984 à Trois-Rivières, il y a beaucoup de gens qui nous ont contacté en privé pour nous transmettre de l’information sur Cédrika Provencher(…). Des suspects, oui, il y en a, il y a du nouveau, on détient des informations qui vont être dévoilées» dans le film, a dit M. Parent, qui est convaincu que son documentaire apportera un nouveau souffle à l’enquête policière.

«Ça fait deux ans que le dossier de Cédrika Provencher est «cold case», qu’il est latent, qu’il tourne en rond. Je comprends très bien Martin (Provencher) de vouloir essayer d’autres voies», a souligné Me Bellemare, qui croit lui aussi aux chances de retrouver Cédrika et son ravisseur.

«Ça fait sept ans et quelques mois qu’elle est disparue, on a encore la possibilité de faire quelque chose, les gens sont encore en place, les souvenirs sont encore vivaces. Ce n’est pas vrai qu’on va laisser aller la police toute seule à ses secrets et qu’on va attendre. Les cas de disparitions d’enfants sont dramatiques, et les pouvoirs policiers sont limités. Je pense que ça prend des mesures d’appoint», a dit l’avocat, selon qui les criminels bénéficient d’un système de justice «extrêmement généreux», basé sur le fait «qu’il vaut mieux acquitter 10 coupables que de condamner un innocent».

L’objectif du film n’est pas de faire de l’argent, mais bien de faire la lumière sur la disparition de Cédrika Provencher, a par ailleurs insisté Stéphan Parent. La sortie en salle est prévue pour la fin de l’année 2016.