Arrêté dans la foulée d’une supposée tentative d’enlèvement

L’homme qui a passé cinq heures en cellule après qu’une adolescente eut fait une fausse déclaration de tentative d’enlèvement veut laver sa réputation et obtenir réparation.

MARTIN LAVOIE / Journal de québec

Glenn Baribeau affirme être resté profondément marqué par les événements du 14 mai. Cette journée-là, une adolescente de 13 ans déclarait avoir été victime d’une tentative d’enlèvement au Café Tudor, rue Champlain. L’affaire a connu un dénouement rocambolesque lorsque, neuf jours plus tard, l’adolescente a admis avoir tout inventé.

Le « témoin important » arrêté par la police, Glenn Baribeau, raconte avoir passé « un dimanche d’enfer ». Celui qui habite « depuis toujours » sa maison du secteur de Cap-Blanc, à Québec, a été détenu pendant près de sept heures.

M. Baribeau et sa mère de 78 ans, dont il s’occupe et qui vit avec lui, réclament 69 000 $ à l’adolescente et à son père, Vincent Roy.

L’homme de 55 ans revenait tout juste chez lui après une visite au dépanneur, à vélo, lorsqu’il a été arrêté. Au lieu de le faire monter dans la voiture de police qui se trouvait devant sa maison, on l’a conduit vers une autopatrouille plus loin, au pied de l’escalier. Il a ainsi défilé devant une cinquantaine de personnes et les médias.

« J’étais dans le néant, je ne savais pas ce qui se passait », s’est-il rappelé, dimanche, en versant plusieurs larmes lors d’une entrevue avec le Journal.

 

L’enquête

On l’a ensuite conduit à la centrale du parc Victoria. « Ils sont partis avec mon manteau, mes espadrilles, mes culottes, ma casquette. Pis là, c’est CSI. Le cure-dents à travers les mains, les photos de mon torse et, ensuite, c’est la cellule. Là, ça ne va pas bien dans ma tête. Je me demande ce que je fais là. Je ne comprends rien », a-t-il raconté hier.

On l’a finalement interrogé vers 19 h 15 et il a été relâché peu après. « Mon histoire, moi, elle tenait debout », lance-t-il.

Le débardeur au port de Québec dit avoir vécu une grande période de stress dans les jours qui ont suivi son arrestation.

« Au travail, je manœuvre de la grosse machinerie. J’ai besoin de toute ma tête. Mais je regardais toujours la guérite. Ils n’avaient trouvé personne, la police pouvait revenir. Je faisais aussi attention de ne pas aller dans les lieux publics. »

M. Baribeau raconte aussi que c’est par l’entremise des médias, et non par la police, qu’il a appris que toute l’histoire avait été inventée. « L’adrénaline est tombée. Je voulais pleurer. »

Les conséquences

« C’est le plus beau cas de méfait public qu’on ait vu à Québec depuis 20 ans. L’absence de conséquences et de reconnaissance sociale est terrible pour M. Baribeau », a déclaré son avocat, Marc Bellemare. Il invoque aussi les séquelles que son client a gardées. « Il a [reçu un diagnostic de] trouble post-traumatique aigu. La victime, c’est Glenn Baribeau. »

Joint hier au téléphone, le père de l’adolescente, Vincent Roy, n’a pas voulu faire de commentaires.

– Avec la collaboration d’Arnaud Koenig-Soutière

LE FIL DES ÉVÉNEMENTS

Vers 12 h 20, le 14 mai, une adolescente de 13 ans affirme avoir été victime d’une tentative d’enlèvement dans les escaliers menant aux toilettes du Café Tudor, rue Champlain.

La jeune fille affirme s’être débattue.

L’agresseur aurait pris la fuite en voiture.

Vers 13 h, Glenn Baribeau est brièvement questionné puis arrêté.

Il est amené à la centrale du parc Victoria, où il passe cinq heures en cellule.

Glenn Baribeau est libéré vers 20 h. La police le qualifie de « témoin important ».

Glenn Baribeau n’a pas de voiture, n’a aucune ecchymose et affirme n’avoir jamais mis les pieds au Café Tudor.

Le 15 mai, Vincent Roy, le père de l’adolescente, affirme que sa fille s’en est sortie grâce à sa maîtrise du taekwondo.

Le 23 mai, la jeune fille reconnaît avoir inventé l’histoire d’agression. La police annonce qu’il n’y aura pas d’accusation.

Le 14 novembre, Glenn Baribeau et sa mère, Theresa Hewitt, réclament à Vincent Roy et à sa fille 69 000 $ en réparation.