Attaquée à coups de machette, elle se bat contre l’IVAC

Appuyée par l’avocat Marc Bellemare, Mme Bolduc, doit quotidiennement affronter les conséquences de l’agression dont elle a été victime en octobre 2015, qui la rendent encore aujourd’hui inapte à travailler.

Jounaliste: Elisa Cloutier (publié par Agence QMI et TVA Nouvelles)

Après avoir reçu plusieurs coups de machette au visage et à la tête par Yannick Fortin, qui était en «psychose toxique», elle a reçu 10 semaines d’indemnisation par l’IVAC. Un montant d’un peu plus de 3000 $ que Me Bellemare qualifie de «ridicule». «Je suis parfois agressive. Pas sur le monde, mais en dedans de moi quand je me regarde dans le miroir. Ce n’est pas facile de se voir comme ça tous les jours», indique la jeune femme de 28 ans, qui a le visage marqué d’une imposante cicatrice.

Délais de deux ans

«L’IVAC a reconnu son stress post-traumatique, ses troubles de panique, son traumatisme craniocérébral en plus de ses fractures au coude et au nez, mais ils disent que dix semaines d’indemnisation, c’est suffisant», s’insurge l’avocat, qui a récemment déposé une requête devant le Tribunal administratif du Québec, pour forcer l’IVAC à revoir sa décision.

Les délais sont toutefois de deux ans, avant que la cause ne soit entendue. D’ici là, Mme Bolduc n’arrive pas à arrondir les fins de mois malgré l’aide sociale qu’elle reçoit, alors qu’elle doit notamment payer ses nombreux traitements en psychiatrie et en psychologie.

Crises de panique en public

En plus de ne plus pouvoir soulever de charge importante, puisque les nerfs de son épaule ont été touchés, Mme Bolduc affirme être aux prises avec des crises de panique lorsqu’elle se retrouve en public. «Le regard des gens sur moi, c’est difficile», indique celle qui peine à retenir ses larmes en relatant les tragiques évènements.

«Avec sa cicatrice au visage, ça l’empêche de travailler, surtout dans le public, puisque ça alimente son anxiété et tous les symptômes du stress post-traumatique. Elle a été agressée dans son sommeil, donc son sommeil est aussi perturbé», ajoute Me Bellemare.

Mme Bolduc devra par ailleurs subir deux autres chirurgies au visage, en plus d’une autre au coude, alors qu’elle est déjà passée sous le bistouri quatre fois depuis les évènements. «Chaque fois, mon visage est dans un mauvais état et je dois revivre toujours la même affaire, c’est très difficile», indique celle qui a reçu 70 points de suture.

Sentence en appel

Me Bellemare demande également au Directeur des poursuites criminelles et pénales de porter la peine de 54 mois dont a écopé l’agresseur en appel. Comme Yannick Fortin, 24 ans, est détenu de façon préventive depuis 33 mois, il lui reste donc une peine de 20 mois et 27 jours à purger. Une sentence «déraisonnable» estime Me Bellemare, qui demande sept ans de pénitencier, tel que le recommandait la Couronne.

«Il y a eu des erreurs de droit, notamment le fait qu’on n’ait pas accordé d’importance aux conséquences de l’évènement sur la victime. On peut aussi se poser des questions sur l’accusation de voies de fait grave. Il y a un traumatisme crânien, un coup à la tête, de nombreux coups au visage, une fracture du nez et des lacérations profondes, qu’est-ce qu’il voulait s’il ne voulait pas la tuer?», s’interroge-t-il.Chronologie des événements

28 octobre 2015: Yannick Fortin attaque Kathy Bolduc à coups de machette, alors qu’il est en «psychose toxique», en raison de consommation de drogue. L’accusé est le frère de l’amie de Mme Bolduc, chez qui elle dormait au moment des évènements.20 janvier 2017: Yannick Fortin plaide coupable à l’accusation de voies de fait graves portée contre lui. Il n’a présenté aucune excuse à la victime lors du procès.31 août 2017: Yannick Fortin écope de 54 mois de détention. L’avocat Marc Bellemare demande au DPCP de porter la peine en appel. Il suggère 7 ans de pénitencier, tel que le réclamait la Couronne.Septembre 2017: Me Bellemare dépose une requête devant le Tribunal administratif du Québec, pour forcer l’IVAC à revoir sa décision et indemniser Kathy Bolduc, toujours inapte à travailler, près de deux ans après l’agression.