La région de Québec a de nouveaux besoins juridiques

21 février 2011 à 20h00

(Québec) L’économie de la région de Québec s’est grandement diversifiée au cours des dernières années. Le secteur public a cédé du terrain à l’entreprise privée, et celle-ci s’est ouverte sur le monde. Cette transformation a fait naître de nouveaux besoins et les cabinets juridiques se sont ajustés pour suivre cette évolution régionale et conserver les dossiers d’envergure dans la région.

Publié par : Le Soleil

 

«C’est un enjeu pour Québec. Il faut réussir à garder les grandes causes commerciales et institutionnelles ici, pour ne pas les perdre au profit de Montréal», affirme Me Lu Chan Khuong, la bâtonnière de Québec. «Heureusement, au tribunal, les juges sont très sensibles à cette question. Montréal a tendance à faire à Québec, ce que Toronto lui a fait en lui soutirant de grands dossiers.»Cependant, ce ne sont pas tous les dossiers qui relèvent du tribunal. La négociation et la rédaction de contrats et les fusions et acquisitions requièrent une expertise juridique certaine.

«Pour nous, le défi régional est clairement là», soutien Me Carl Tremblay, associé directeur du bureau de Québec d’Ogilvy Renault et membre du comité de direction du cabinet.

«Il faut être en mesure d’apporter des solutions novatrices, d’offrir des services juridiques sophistiqués aux entreprises de Québec. Elles sont en compétition avec des entreprises de partout dans le monde et si nous ne pouvons pas les assister dans leurs projets, elles vont aller ailleurs. Et nous allons perdre les meilleurs talents parmi les avocats.»

«Il y a d’ailleurs de plus en plus d’entreprises de la région qui ont leurs propres avocats à l’interne», note Me Ian Gosselin, avocat associé chez Ogilvy Renault à Québec. «Ceux-ci sont en mesure, quand le besoin s’en fait sentir, de trouver la meilleure expertise juridique à l’externe pour leur entreprise et c’est là qu’ils vont faire affaire. Il y a 10 ans, ça nous échappait encore trop à Québec. Plus maintenant.»

Me Marc Dorion, associé chez McCarthy Tétrault, abonde dans le même sens. «Nous avons à Québec l’Université Laval, un secteur technologique important, un port international. Il y a de plus en plus d’entreprises qui percent à l’étranger et qui y performent bien. Elles ont besoin d’un support juridique adéquat. Avant, elles se tournaient vers Montréal. Maintenant, nous sommes en mesure de les supporter.»

«Il faut continuer à nous améliorer, ajoute Me Tremblay. Nous ne sommes plus en compétition avec les cabinets de la Grande Allée, mais avec ceux de New York et d’ailleurs.»

Les grands cabinets de Québec (tableau)

Alliances et nouvelles structures

Afin de répondre aux nouveaux besoins de leurs clients, les cabinets de Québec adoptent de nouvelles structures et forment des alliances.

McCarthy Tétrault, par exemple, a décidé de se doter d’une structure corporative, à l’image des clients dont le cabinet national s’occupe. «Nous sommes la seule structure de ce genre au Canada, explique Me Dorion. Nous travaillons de façon intégrée nationalement, ce qui nous offre une structure décisionnelle efficace et flexible et nous permet de réagir beaucoup plus rapidement.»

Ainsi, selon le dossier à traiter, l’équipe qui y travaillera se forme en puisant les éléments adéquats au sein des différents bureaux de McCarthy Tétrault au Canada. «La géographie n’est pas le premier critère, mais plutôt le secteur d’expertise. Par exemple, un avocat de Québec peut travailler sur un dossier énergétique avec un collègue de Calgary et un autre de Vancouver.»

De son côté, le cabinet Ogilvy Renault a opté pour le regroupement avec Norton Rose, en vigueur le 1er juin prochain, pour former l’un des 10 plus grands cabinets dans le monde.

«Nous travaillons déjà pour nos clients de Québec à Shanghai, Varsovie et Johannesburg, indique Me Tremblay. Le regroupement avec Norton Rose permettra d’élargir notre expertise et notre offre de services. Nos clients auront désormais accès à nos 60 avocats de Québec, mais aussi à 2800 avocats à travers le monde.»