L’IVAC lui vient en aide deux ans après un terrible drame

Après deux ans de procédures, l’Indemnisation des victimes d’actes criminels (IVAC) reconnaît finalement comme victime une jeune femme qui a retrouvé son frère de 10 mois assassiné et son père, qui s’est enlevé la vie. Un drame familial épouvantable survenu en 2015, à Montréal.

source: TVA Nouvelles

Véronica Zembowicz avait 16 ans, le 5 juillet 2015, lorsque les policiers lui ont demandé de les conduire à un cabanon, dans la cour arrière de la demeure de ses parents dans l’arrondissement d’Anjou à Montréal.

«Elle s’est mise à courir avec les policiers pour ouvrir la porte. Elle n’était pas loin lorsqu’ils sont entrés. Elle a tout vu», explique sa mère, Marta Rzepkowska. Elle a vu son père, qui s’est enlevé la vie, et son petit frère de 10 mois, Adam, assassiné à ses côtés.

Les rapports médicaux indiquent qu’elle a subi un syndrome de stress post-traumatique. Elle été hospitalisée trois fois et 72 jours en psychiatrie, mais malgré cela, l’IVAC a refusé durant deux ans de la reconnaître comme victime.

L’avocat Marc Bellemare a contesté la décision des fonctionnaires devant le Tribunal administratif. Véronica vient finalement d’être reconnue comme victime et aura droit à des traitements psychologiques tant que son médecin le jugera nécessaire.

«J’ai beaucoup parlé avec des psychiatres et des psychologues, confie Véronica Zembowicz. Maintenant, j’ai le goût d’arrêter, car les images reviennent tout le temps dans mon esprit.»

Si elle a des troubles d’apprentissage ou de comportement lorsqu’elle sera aux études, dans plusieurs années, Véronica sera aussi indemnisée.

«Très souvent, précise l’avocat Marc Bellemare, ça va prendre 10, 15, ou 20 ans pour mesurer l’ampleur des séquelles chez les jeunes. Mais la réclamation, elle, doit être faite dans les deux ans suivant le crime.»

Refus fréquent

L’IVAC refuse souvent les demandes pour les enfants. TVA révélait dernièrement que Nadine Brillant doit elle aussi contester pour que son fils de 11 ans soit reconnu comme victime. En 2012, ses deux autres enfants âgés de 13 et 11 ans ont été assassinés à Warwick par son ex-conjoint. Félix conserve des séquelles, car il a tout vu à la télévision.

«On devrait être pris en charge par l’IVAC dès la première journée», déplore Marta Rzepkowska.

Elle-même a été reconnue comme victime par l’IVAC l’automne dernier, mais n’a encore reçu aucune indemnisation pour les cinq mois où elle n’a pas pu travailler. L’IVAC veut lui verser un montant basé sur le salaire minimum alors que son travail dans un hôpital lui rapporte beaucoup plus. Elle est de nouveau en arrêt de travail pour trois semaines et ne reçoit rien.

«La paperasse, les contestations, ça gruge toute notre énergie et ça nous empêche de vivre sereinement notre deuil», ajoute la mère de famille.

Elle pense chaque jour à son bébé qui a été tué par un ex-conjoint qui refusait une séparation après 20 ans de mariage.

«Il n’y a pas de mot pour décrire la souffrance. Ça me suit tous les jours. Quand je vois des enfants de 3 ans, c’est très difficile, car il aurait eu 3 ans cette année.»

-D’après un reportage d’Harold Gagné