Commission Bastarache: l’avocat de Marc Bellemare évoque un règlement de compte
Marc Bellemare ne s’est pas présenté à la commission Bastarache aujourd’hui, se disant victime d’un tir groupé des procureurs pour «démolir» sa réputation.
La Presse canadienne | 17 septembre 2010
Source: Le Devoir
À l’ouverture des audiences, l’avocat de M. Bellemare, Me Rénald Beaudry, s’en est pris aux procureurs du gouvernement, du Parti libéral du Québec et du bureau du premier ministre, les accusant d’agir de connivence pour salir son client.
Au cours du contre-interrogatoire de l’ancien ministre de la Justice, ces trois procureurs «ont démontré qu’ils n’avaient aucun intérêt pour le processus de nomination des juges, et que leur seule préoccupation était de démolir la réputation de mon client, quitte à fouiller dans sa vie personnelle pour y arriver», a soutenu Me Beaudry, dans son intervention.
Manifestement, M. Bellemare n’a pas digéré l’allusion faite à sa fille danseuse nue par l’avocat du PLQ, Me André Dugas, la semaine dernière.
Il a aussi reproché à Me Dugas de «multiplier les sorties publiques» pour commenter les témoignages, au mépris des «règles de pratique» édictées par le commissaire Michel Bastarache.
Le premier ministre Jean Charest n’a pas échappé non plus à la sortie de Me Beaudry. «Le premier ministre a même prévenu qu’il bafouerait à nouveau ces règles de pratique si tel était son bon désir», a-t-il dit.
Conséquemment, «loin de dissiper le doute, les événements des deux dernières semaines ont confirmé que le but fondamental de la commission est de discréditer mon client dans l’opinion publique et d’avantager le premier ministre dans la poursuite civile intentée contre mon client», a poursuivi Me Beaudry.
L’avocat de M. Bellemare a par ailleurs demandé, sans succès, la suspension des travaux, se plaignant de ne pas avoir reçu toutes les déclarations préalables des témoins («will say»).
«Il y a un risque évidemment de manipulation de la preuve de la part du gouvernement, un des participants représentés ici par Me Suzanne Côté», a allégué l’avocat.
Le commissaire Bastarache s’est aussitôt porté à la défense des procureurs, rejetant du revers de la main la théorie du «complot» évoqué par l’avocat Beaudry.
«Je n’accepte pas votre allégation que les avocats du gouvernement pourraient manipuler la preuve ou que les avocats de la commission pourraient modifier des »will say» dans un but quelconque. Les avocats de la commission sont parfaitement neutres», a-t-il fait valoir.
Néanmoins, le juge a senti le besoin de faire un nouvel appel à la discrétion à l’intention des témoins et des participants à la commission, plus particulièrement les procureurs.
«En principe, les avocats ne doivent pas commenter une affaire pendante devant le tribunal (…) Bien qu’une commission d’enquête ne soit pas un tribunal, il est souhaitable que les avocats adoptent une telle conduite», a-t-il dit.