Orphelin de duplessis Restrictions «ridicules»

« Pourquoi le gouvernement s’entête-t-il à fixer une date butoir? Pourquoi vouloir à tout prix fermer le couvercle sur cet épisode particulièrement honteux de notre histoire collective? »

TAÏEB MOALLA | Le Journal de Québec

Ce sont quelques-unes des questions que l’avocat Marc Bellemare se pose. Ce dernier dit recevoir quotidiennement des appels téléphoniques d’orphelins de Duplessis qui cherchent à faire reconnaître leur droit à l’indemnisation de 15 000 $.

« Ça n’a aucun sens d’imposer des délais comme ça à des gens qui sont souvent très fragiles, pense Me Bellemare. Dans le droit social consacré à l’indemnisation de victimes, il y a toujours des clauses qui permettent d’étendre les délais quand c’est justifié. »

L’enfance terrible vécue par les orphelins de Duplessis et les multiples séquelles psychologiques subies par la plupart d’entre eux justifient, aux yeux de l’avocat, la prolongation des délais d’indemnisation. « La somme de 15 000 $ est ridiculement basse, croit-il. Raison de plus pour permettre aux gens qui y ont droit de postuler. »

Délais prolongés

Au bureau du ministre de l’Emploi et des Services sociaux, Sam Hamad, l’attaché de presse Alexandre Boucher rappelle que les délais ont déjà été prolongés à plusieurs reprises. « Le ministre a agi par compassion en apprenant qu’une soixantaine de personnes qui répondaient aux critères d’admission avaient déposé leurs demandes après le 2 février 2009 », soutient-il.

Constatant que le décret de novembre 2009 est « mal écrit », Me Bellemare n’exclut pas de s’y attaquer. « Le décret ne donne plus de date d’échéance pour déposer les demandes. Or, l’interprétation du gouvernement est que les dossiers déposés après novembre 2009 ne sont plus admissibles. Il est possible qu’on conteste cela, d’autant plus que je connais des gens qu’une telle interprétation lèse. »

Entre 2001 et 2003, quelque 1 014 orphelins de Duplessis, gardés dans des institutions psychiatriques sans raison, se sont partagé des indemnisations de 26 millions de dollars. Entre 2007 et 2009, 2 045 orphelins ont reçu des sommes totalisant 30,6 millions de dollars en dédommagements.