Des parents réclament une escouade mixte dédiée aux disparitions

Marilyn Bergeron est disparue depuis maintenant 10 ans.

À l’invitation de la famille Béchard-Bergeron, une centaine de personnes ont bravé le temps exécrable, dimanche à Lévis, à l’occasion d’une marche en hommage à Marilyn Bergeron. Le cortège a culminé devant le Café Dépôt de Saint-Romuald, dernier endroit où la jeune femme a été vue vivante.

David Rémillard / Journal Le Soleil
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Cette dernière, qui avait 24 ans à l’époque, est portée disparue depuis le 17 février 2008. Avant sa disparition, elle avait quitté Montréal pour retourner vivre chez ses parents, à Loretteville. Une décision soudaine, selon eux. Elle a disparu quelques jours après le déménagement.

 

Puisque le signalement de sa disparition a été fait à Québec, l’enquête a été confiée au Service de police de la Ville de Québec. Mais selon la famille, la clé de l’énigme pour retrouver Marilyn est à Montréal.

Me Marc Bellemare, qui accompagne la famille, a une nouvelle fois demandé, dimanche, que l’enquête soit transférée à la Sûreté du Québec. «Merci à la police de Québec qui a fait un bon travail, mais il est temps de jeter un regard neuf dans le dossier de Marilyn», a-t-il déclaré après la marche.

Me Marc Bellemare et la mère de Marilyn, Andrée Béchard

 

Escouade mixte

Se basant sur leur propre cas mais aussi sur les expériences vécues par d’autres parents, Andrée Béchard et Michel Bergeron demandent à ce que les pratiques policières changent. «On entend et on nous dit qu’une disparition, ce n’est pas traité [comme un dossier criminel]. […] Dans notre système actuel, l’enquête, une fois en cours, malheureusement, devient moins prioritaire», a déploré Mme Béchard dans son discours.

Ultimement, ces parents, dont la cause est appuyée par l’Association des familles de personnes assassinées ou disparues et le Réseau Enfant-Retour, réclament la création d’une escouade mixte spécialisée dans les cas de disparition.

Ils estiment qu’une meilleure coordination entre les corps policiers municipaux et la Sûreté du Québec permettrait de faire avancer les enquêtes plus rondement. Ils souhaitent également que les enquêtes soient considérées comme des crimes à part entière, et donc que les moyens d’enquête nécessaires soient mis en place.

Le père de Marilyn, Michel Bergeron

 

La mère de Marilyn croit qu’il faut des policiers formés, mais surtout dédiés à cette cause. «Ça prend de la patience, de la volonté, de l’intérêt et le goût du défi devant une telle quête», a-t-elle lancé, appelant les dirigeants politiques à «reconnaître l’urgence de retracer les personnes qui manquent à l’appel».

L’idée d’une escouade, avancée depuis quelques années déjà, avait récemment été relancée par Kouadio Frédéric Kouakou, père du petit Ariel, 10 ans, disparu le 12 mars dernier à Montréal. La famille Kouakou a fait le voyage jusqu’à Lévis, dimanche.

M. Kouakou a rappelé qu’il avait lancé une pétition exigeant la mise en place de cette escouade mixte. Il devait rencontrer la députée Christine Saint-Pierre ce lundi pour en discuter. Il vise une cible de 20 000 noms.

Kouadio Frédéric Kouakou (à droite), père du petit Ariel, disparu le 12 mars dernier à Montréal, a rappelé qu’il avait lancé une pétition exigeant la mise en place de cette escouade mixte.

 

Michel Surprenant, père de Julie Surprenant, disparue le 16 novembre 1999, a lui aussi livré dimanche un discours en faveur de cette escouade. «L’expertise est là, c’est le manque de coopération [qui fait défaut]», a-t-il lancé. «Dans les cas de disparition, ce sont les premières heures qui sont importantes.»

Caroline Lachance, mère de David Fortin, disparu le 10 février 2009, faisait également partie des invités.

«Dans les cas de disparition, ce sont les premières heures qui sont importante», a lancé Michel Surprenant (à droite), père de Julie Surprenant.

 

Appuis politiques

Présents à la marche, le maire de Lévis, Gilles Lehouillier, et le député de la Coalition avenir Québec (CAQ) François Paradis, se sont engagés à porter leur message et à faire évoluer les pratiques d’enquête. La CAQ juge même que l’idée d’une escouade «mérite d’être étudiée et même mise en place».