Pas de regret pour le poseur d’affiches
Un an après avoir posé des dizaines d’affiches dans le secteur de Charlesbourg pour avertir les citoyens qu’un pédophile habitait dans leur quartier, Serge Doran-Marcheterre ne regrette rien.
Le Journal de Québec
http://www.journaldequebec.com/2014/05/16/pas-de-regret-pour-le-poseur-daffiches
«Au contraire, je suis même content du dénouement. Grâce à ça, le procès d’Audrey a sûrement été plus médiatisé et peut-être qu’on va pouvoir faire changer les choses pour des peines plus sévères», dit-il.
C’est après une nouvelle remise du procès que le conjoint d’Audrey a décidé d’aller placarder le quartier de ses affiches. «Je n’en pouvais plus de la voir comme ça, à avoir peur tout le temps. Lui, il se promenait comme si de rien n’était. Je me demandais tout le temps s’il allait en attaquer une autre. Il faut vivre 20 heures par jour avec quelqu’un qui a été agressé pour voir à quel point c’est horrible», raconte-t-il.
Se faire justice
Une nuit, pendant qu’Audrey travaillait, il s’est donc mis à l’ouvrage dans le quartier. «Je les ai si bien posées qu’il en reste encore une aujourd’hui», lance-t-il avec un brin de fierté. Le lendemain, en regardant les nouvelles, Audrey a découvert ce qu’avait fait son conjoint. «J’étais tellement surprise! Je me suis dit qu’on ne pouvait pas se faire justice soi-même, mais bon, finalement, c’était bien correct.»
« BEAUCOUP DE COURAGE », SELON MARC BELLEMARE
Me Marc Bellemare salue le courage de sa cliente, Audrey Beaulieu, qui contribue à faire avancer la justice, selon lui.
En quoi la sortie publique d’une victime est-elle si importante?
Ça prend beaucoup de courage pour sortir publiquement comme elle le fait. J’ai toujours cru que ce sont des gestes comme ceux-là qui aident à faire avancer notre système de justice. Au sein de la population, il y a une intolérance de plus en plus marquée pour ce type de crimes. Il y a tellement de gens qui se découragent en cours de route. Ce n’est pas du tout facile pour les victimes d’actes criminels.
Est-ce une bonne chose d’imposer des peines minimales?
Oui. Je crois aux peines minimales. Est-ce qu’il y a quelqu’un au Canada qui trouve que c’est trop d’imposer une année de prison dans un cas d’agression sexuelle ou cinq ans pour de l’inceste? Je ne pense pas. Ça permet de mettre une base et ensuite le juge peut partir de là pour imposer sa peine. Pour les victimes qui veulent dénoncer, ça permet également de leur assurer un minimum quand elles entreprennent leur bataille.
Les peines devraient-elles être fermes?
Si on respecte vraiment les décisions des tribunaux, pourquoi il y a encore toutes ces possibilités de libération conditionnelle au tiers, aux deux tiers et même au sixième de la peine au Québec? Quand il impose une peine, un juge ne peut pas tenir compte des libérations conditionnelles. Ça, c’est le résultat d’une jurisprudence au fil des années qui a toujours été montée en faveur des criminels. Jamais pour les victimes. C’est seulement depuis 2006 qu’on a un gouvernement à Ottawa qui a une préoccupation vis-à-vis les victimes.
JEAN LAROCHE @
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