Sainte-Paule: le papa responsable de l’alerte Amber accusé

Sainte-Paule: le papa responsable de l’alerte Amber accusé

David Côté, le père de 36 ans qui a tenu tout le Québec en haleine durant cinq jours lors de l’alerte Amber à Sainte-Paule, a comparu lundi au tribunal pour y être formellement accusé.

DOMINIQUE LELIÈVRE et JÉRÉMY BERNIER |
Source: MISE À JOUR Lundi, 6 septembre 2021 22:29

Celle-ci fait référence au moment où l’homme était barricadé avec son fils dans sa résidence, à la fin de l’alerte Amber, où il avait fait feu en direction des policiers.

« La poursuite s’est opposée à sa mise en liberté provisoire », a également précisé Audrey Roy-Cloutier, porte-parole du Directeur des poursuites criminelles et pénales (DPCP), indiquant que Côté sera de retour en cour le 5 octobre.

Même si Côté est désigné par les autorités depuis mardi dernier comme le ravisseur de son propre fils, aucune accusation d’enlèvement n’a été déposée contre lui pour le moment.

Mais ce n’est qu’une question de temps, selon l’avocat criminaliste Marc Bellemare.

« S’il est seulement reconnu coupable d’avoir déchargé une arme à feu, il passera au moins quatre ans derrière les barreaux. Mais il risque aussi d’être accusé d’enlèvement, de séquestration, ou même d’agression armée », indique-t-il.

Un stress intense

Côté et son fils avaient été retrouvés samedi, au cinquième jour des recherches.

Le Journal rapportait dimanche que Côté aurait fait feu en direction des policiers, mais qu’aucun des agents n’aurait été blessé.

Même s’il se sentait en sécurité en raison de la présence massive des agents de la paix, Dan Bérubé, un voisin du fugitif, a trouvé ce moment particulièrement stressant.

« Les policiers étaient très armés […] Ils m’ont dit de rester loin des fenêtres et de me tenir dans la partie de la maison la plus éloignée [de la demeure de David Côté] », raconte-t-il.

Il aura ensuite fallu une vingtaine d’heures de négociation avant d’obtenir sa reddition, dimanche, vers midi.

Le jeune garçon est sain et sauf et a été remis à sa mère, Johanie Lavoie.

« Je voudrais dire un gros merci à tous les policiers […] ainsi qu’à toute personne ayant aidé à l’enquête », a écrit cette dernière sur Facebook, en précisant que son fils allait « très bien physiquement, mais psychologiquement c’est très difficile ».

Les policiers continuaient à pour poursuivre l’enquête

La vie « reprend son cours »

Dans la petite municipalité de moins de 300 habitants, le dénouement heureux de cette histoire en a réconforté plus d’un.

« Les gens étaient anxieux, et là ils sont soulagés […]. C’était beaucoup d’émotions en une semaine pour ma communauté et notre région », a indiqué le député de Matane-Matapédia, Pascal Bérubé.

« Tranquillement, la vie est en train de reprendre son cours, lance de son côté Pierre Dugré, le maire de Sainte-Paule. Mais c’est certain que ça va marquer l’esprit des gens pendant des années. »

PRÉOCCUPATIONS POUR L’ÉTAT MENTAL DE L’ENFANT

Si l’enfant de trois ans qui était visé par une alerte Amber n’a pas été blessé physiquement, son expérience est susceptible d’avoir laissé des traces psychologiques.

« Son accompagnement psychologique ne sera pas évident », avance la psychologue clinicienne Geneviève Beaulieu-Pelletier.

« Les enfants absorbent beaucoup de notre charge émotionnelle comme parent, a souligné la professionnelle en entrevue avec Mario Dumont, lundi. Si on est en présence d’un parent qui est plus stable, plus rassurant, ce n’est pas la même chose d’être avec un parent plus désorganisé, ou qui possède une charge de colère très présente. »

Les coups de feu qui auraient été tirés par le père contre les policiers seront probablement ce qu’il y a de plus difficile à faire sens pour le bambin, selon la psychologue clinicienne.

« Qu’est-ce qu’il lui est dit ? “J’essaie de nous défendre” ? Juste ça, c’est particulier. […]. C’est une très grande charge d’anxiété pour lui », a-t-elle commenté.

Comment le parent est perçu

Le Dr Gilles Chamberland, psychiatre à l’Institut Philippe-Pinel, pense aussi que « tant que le parent est vu comme bienveillant, c’est moins stressant pour l’enfant. Ça dépend vraiment du rapport entre les deux ».

L’enfant peut cependant être « sensible à l’angoisse, au stress, à la peur de l’adulte », a-t-il expliqué lundi sur les ondes de LCN.

En ce qui concerne les motivations du père, plusieurs hypothèses sont possibles.

« On a toujours évidemment à l’esprit les gens qui veulent commettre un suicide et amener quelqu’un avec eux. C’est ce qu’on craint le plus et c’est ce qui fait qu’on doit retrouver les enfants le plus rapidement possible », souligne le Dr Chamberland.

Délire

« Dans le cas qui nous occupe, par contre, c’était beaucoup plus étrange. C’est quelqu’un qui s’est sauvé dans le bois, seul avec son enfant, et on en comprend qu’il ne voulait pas nécessairement lui faire du mal. On a eu des bribes d’information qu’au contraire, ce serait peut-être même pour le protéger d’une espèce de danger », poursuit-il.

Des idées délirantes ou la perception fausse d’une menace extérieure pourraient donc être « une hypothèse qui tient la route avec ce qu’on a vu actuellement », analyse l’expert.

— Avec TVA Nouvelles et l’Agence QMI