«Tempête du siècle»: les familles toujours sans réponse
Même si les tempêtes de neige sont loin derrière, les veuves de Pierre Thibault et Michael Fiset qui ont perdu la vie dans la «tempête du siècle» en mars dernier y songent encore quotidiennement: elles n’ont toujours aucune réponse de la part des autorités, qui leur permettrait de faire la lumière sur la mort de leurs conjoints.
Source: TVA Nouvelles
L’avocat Marc Bellemare qui les accompagne admet avoir un dossier «très volumineux» entre les mains. «On a accumulé beaucoup d’informations, de gens qui étaient autour lors des événements, des citoyens ou des gens des services publics de Saint-Pierre et de Montmagny», explique Me Bellemare, qui est en contact «régulièrement» avec la famille.
Pour déterminer s’il y aura poursuite ou non dans cette affaire, Me Bellemare mise davantage sur le rapport du coroner, qui devrait être rendu public cet été ou au plus tard à l’automne, plutôt que sur ceux de la Sûreté du Québec et du ministère des Transports.
«Le coroner n’est pas impliqué personnellement dans l’événement, alors que la Sûreté n’a pas tendance à faire preuve de beaucoup d’autocritique, tout comme le ministère des Transports», mentionne-t-il.
Pas d’enquête
La famille et Me Bellemare s’expliquent mal comment une enquête externe de 106 000 $ a été déclenchée pour faire la lumière sur le «cafouillage majeur» de l’autoroute 13, survenu le même soir, alors qu’aucune démarche publique n’a été faite dans leur cas.
«À Montréal, il n’y a eu personne de mort et ils ont eu une compensation, mais nous, rien. Pas d’appel, pas d’offre financière, alors que mon conjoint rapportait les trois quarts du salaire à la maison», lance Valérie Tanguay.
«À Montréal, ç’a été prouvé que c’est le ministère des Transports qui est en tort. C’était la même personne en place ce soir-là aussi!» ajoute-t-elle.
Rappel des faits
Dans la nuit du 14 au 15 mars
En pleine tempête de neige, Pierre Thibault et Michael Fiset percutent un énorme banc de neige devant le 115 de la rue Principale, à Saint-Pierre-de-la-Rivière-du-Sud, dans Chaudière-Appalaches, alors qu’ils revenaient de l’entreprise Transport Gilmyr, où ils travaillaient.
Vers 23 h 30
Les patrouilleurs de la Sûreté du Québec reçoivent un appel de détresse. Deux policiers s’y rendent à motoneige, sans pouvoir les localiser.
16 mars 2017
Leur décès a été confirmé à la famille 24 heures plus tard. Pierre Thibault est décédé dans le véhicule alors que Michael Fiset aurait été retrouvé à l’extérieur.
20 mars
Accompagnées de l’avocat Marc Bellemare, les familles songent à poursuivre la Sûreté du Québec et le ministère des Transports.
24 mars 2017
Me Bellemare réclame une enquête publique pour faire la lumière sur les circonstances des décès, ce qui lui est refusé.
Frustration et incompréhension
«C’est sûr que je veux quelque part que quelqu’un paie pour ça, pas nécessairement en argent, parce que n’importe quel montant ne me le ramènera pas.»
– Valérie Tanguay, veuve de Pierre Thibault
«À Montréal, ils ont tous eu des excuses et nous autres, nos deux copains sont morts et il n’y a rien eu.»
– Stéphanie Couture-Therrien, veuve de Michaël Fiset.
«Dans le cas de l’autoroute 13, il y a beaucoup plus de gens qui ont souffert de l’incompétence du ministère et des secouristes, mais ici, il y a eu mort d’hommes. C’est une autre paire de manches. Je peux vous dire que pour la famille c’est extrêmement frustrant de voir que, dans le cas de l’autoroute 13, on a un rapport en bonne et due forme avec un commissaire qui a été nommé.»
– Me Marc Bellemare.