Une mère dont la fille a été victime d’un chauffard dénonce l’indemnisation des criminels de la route.

La série de TVA Nouvelles «Trop jeunes pour mourir» continue de faire réagir. Une mère dont la fille a été victime d’un chauffard dénonce l’indemnisation des criminels de la route par la Société d’assurance automobile du Québec.

TVA Nouvelles | Publié le 17 décembre 2010 à 19:26

En mai 2007, la fille d’Annie Vézina, Nancy, et son cousin Bobby Provencher ont été tués dans un accident. Leur voiture a été percutée par un véhicule qui roulait à très haute vitesse.

Le jeune conducteur fautif a été condamné à 42 mois de prison pour conduite avec facultés affaiblies ayant causé la mort. Il vient tout juste d’être libéré avec conditions après un an et demi de détention.

«Dans le fond, ils n’ont pas à s’en faire, dénonce Annie Vézina. S’ils tuent quelqu’un sur la route, un ado, une personne âgée, un enfant… peu importe, on va faire un petit an de prison, on va avoir un gros montant à l’autre bout.»

Ce qui choque le plus Mme Vézina, c’est que le conducteur ait droit à une indemnisation de la SAAQ, même s’il a été reconnu criminellement responsable de l’accident.

Impossible de connaître le montant que le chauffard a reçu. Mais la SAAQ prévoit les mêmes indemnités maximales pour tous les accidentés, quelque soit leur responsabilité.

Le dédommagement peut atteindre jusqu’à 216 000 dollars pour les blessés graves, en plus de 90% du salaire maximal de 62,500 dollars et 15 séances avec psychologue ou plus au besoin.

Changer la loi?

L’ancien ministre de la Justice Marc Bellemare, avocat spécialisé en responsabilité civile, critique lui-aussi le système actuel. «Le chauffard, lui, est impliqué dans l’accident. Il a droit à toutes les indemnités sur le même pied qu’une victime innocente. C’est ça qui est inacceptable.»

L’an dernier, 866 millions de dollars ont été versés en indemnisations par la SAAQ. Me Bellemare estime à 15 millions la partie versée aux criminels de la route. «Ils viennent gruger une partie substantielle du budget, qui devrait aller aux vraies victimes, dit-il. C’est ça qu’il faut redéfinir.»

Me Bellemare souhaite une réforme du régime adopté sous René Lévesque en 1978. «Je pense que 32 ans après l’entrée en vigueur de la loi de la SAAQ, il est peut-être temps qu’on consulte la population pour savoir si les Québécois veulent vraiment que ça marche comme ça. Je ne pense pas.»