Amputé, la CSST refuse d’adapter son auto

Depuis qu’il a perdu sa jambe après qu’un chauffard l’eut fauché il y a quelques années, un employé de la Ville de Montréal a toujours des problèmes à récupérer. La CSST refuse de l’aider à adapter son véhicule, a appris TVA Nouvelles.

Crédit photo: TVA Nouvelles
https://www.tvanouvelles.ca/2015/09/07/ampute-la-csst-refuse-dadapter-son-auto

La vie de Paul-André Perreault a basculé en mai 2011 alors qu’il travaillait comme éboueur pour Montréal.

Une voiture roulant à haute vitesse l’a fauché et projeté dans une benne à ordures dans l’arrondissement Hochelaga-Maisonneuve. Il a perdu une jambe et a eu de nombreuses autres blessures, notamment un traumatisme crânien.

Paul-André a subi 15 interventions chirurgicales et est demeuré deux mois à l’hôpital et sept mois en réadaptation.

En 2012, le chauffard de 35 ans, Martin Dorion, qui était sous l’effet d’un cocktail de drogue au moment de poser son geste criminel, a été condamné à quatre ans de pénitencier.

Mais cela n’a pas diminué les souffrances physiques et psychologiques de Paul-André qui voit toujours une psychologue deux fois par mois.

Quand le drame s’est produit, il était au travail. C’est donc la CSST et non la SAAQ qui lui verse une indemnisation proportionnelle au salaire qu’il touchait.

Mais celle-ci refuse de rembourser l’achat d’un nouveau véhicule, car il est impossible d’adapter celui qu’il a acheté avant son accident.

«J’ai de la misère à conduire avec ma prothèse. Ça me fait un point de pression en avant, sur le moignon, alors je n’ai pas marché pendant une semaine à cause de cette erreur. Puis sinon, il faut que je conduise sans ma prothèse, et là, ça me débalance au complet: j’ai mal dans le dos, j’ai mal dans le cou», explique Paul-André.

Une situation qui est ridicule, clame son avocat qui conteste la décision.

«Parce qu’il est obligé, à cause de la prothèse, de lever son siège. Puis en levant son siège, à 6 pieds 6, il n’est même pas capable. Il est obligé de se pencher la tête pour être capable de conduire, tu sais. Et avec le temps, c’est plus qu’un inconfort, c’est de la douleur, puis éventuellement une blessure de plus», affirme Me Marc Bellemare.

Selon la loi: «L’adaptation du véhicule principal du travailleur peut être faite si ce travailleur a subi une atteinte permanente grave à son intégrité physique et si cette adaptation est nécessaire […] pour le rendre capable de conduire lui-même ce véhicule ou pour lui permettre d’y avoir accès.»

Dans le document, une ergothérapeute embauchée par la CSST écrit que le véhicule ne peut pas être adapté. Il faut donc le changer et cela coûterait environ 50 000$, mais la CSST ne veut pas l’entendre non plus.

Paul-André va recommencer à travailler comme magasinier à la Ville de Montréal et devra passer environ une heure par jour dans son véhicule entre sa demeure et son lieu de travail sans recevoir l’aide qu’il espère.