Présumés prêtres agresseurs: action collective autorisée contre le diocèse de Gaspé
La Cour supérieure du Québec a autorisé mercredi une action collective à l’encontre du diocèse de Gaspé pour des gestes commis par de présumés prêtres agresseurs.
«C’est une excellente nouvelle», constate Marc Bellemare, l’un des avocats au dossier.
Si la cour se prononce en faveur du recours lors du procès à venir, «toutes les personnes, de même que leurs héritiers et ayants droit, ayant été agressées sexuellement» par un membre du clergé ou un préposé laïc du diocèse de Gaspé entre le 5 mai 1922 et le jugement pourraient être admissibles à des réparations dans le cadre de cette action collective.
Le demandeur souhaite donc que la Corporation épiscopale catholique romaine de Gaspé et l’évêque catholique romain de Gaspé soient condamnés à payer à chacun des demandeurs un «montant à être déterminé» à titre de dommages pécuniaires, non pécuniaires et punitifs à la suite des procédures judiciaires.
«Maintenant, c’est important que les victimes s’affirment et viennent à notre rencontre dans le cadre d’un processus complètement confidentiel», explique Me Bellemare.
Il estime que, s’ils avaient gain de cause, les participants au recours collectif pourraient recevoir entre 100 000$ et 250 000$ chacun, si l’on se fie à d’autres jugements qui ont récemment été rendus en la matière ailleurs au Québec.
Des centaines de cas
L’avocat qui est aussi derrière l’action collective du diocèse de Québec affirme que le recours de Gaspé pourrait toucher des centaines de personnes, comme il s’agit d’un immense territoire et d’une période de plusieurs dizaines d’années.
«Ça comprend toute la péninsule gaspésienne. On compte présentement une trentaine de membres, mais c’est appelé à augmenter rapidement.»
Me Bellemare souligne d’ailleurs qu’il est plus difficile de convaincre des hommes de participer à ce type de démarche de réparation.
«Il peut y avoir de la honte. D’autres se disent que ça va passer avec l’écoulement du temps, mais ce genre de blessure ne disparaît jamais vraiment.»
Agressions multiples
Les deux demandeurs nommés au dossier, Beaudoin Francoeur et Marc-Alain Marticotte, deux hommes, agiront comme représentants des membres de l’action collective.
M. Francoeur aurait été âgé de cinq ans lorsque les agressions ont débuté dans les années 1950. Lors de visites à la maison, il allègue que l’abbé Alphonse Anctil le prenait à part et abusait de lui dans la résidence familiale.
Les agressions auraient perduré pendant cinq ans à une «fréquence d’environ une fois par semaine», selon le document de présentation de l’action collective.
Pour sa part, M. Marticotte soutient avoir été victime d’abus dès l’âge de huit ans de la part de l’abbé Wilfrid Provencher, lorsqu’il était enfant de chœur, vers 1966.
Dans les deux cas, le diocèse de Gaspé n’aurait pas «pris de mesures préventives afin de protéger le demandeur et les autres enfants d’abus de la part de [ses] membres».
En attente à Rimouski et à Rouyn
Comme le diocèse de Gaspé, ceux de Rimouski et de Timmins, en Ontario (devenu diocèse de Rouyn-Noranda en 1973), ont été visés en juin 2024 par une action collective en lien avec des gestes à caractère sexuel allégués contre plusieurs de leurs membres.
Également défendues par les cabinets Bellemare et Lambert, les deux autres actions collectives n’ont pas été autorisées pour le moment.
https://www.journaldequebec.com/2025/08/07/pretres-agresseurs-action-collective-autorisee-contre-le-diocese-de-gaspe