Meurtre de Jacques Côté, tué par son voisin en psychose: quelques minutes qui ont pu faire la différence, conclut le DPCP
Le DPCP a dévoilé ses conclusions sur l’intervention des policiers précédant le meurtre de Jacques Côté, tué sauvagement par son voisin en psychose en avril 2022, à Lac-Saint-Charles. On y apprend que quelques minutes à peine ont fait la différence dans la mort du sexagénaire.
Le Bureau des enquêtes indépendantes avait été mandaté dès la journée du meurtre pour investiguer le dossier, puisqu’une intervention des policiers avait eu lieu au domicile de Kim Lebel deux jours avant le drame. Le Directeur des poursuites criminelles et pénales (DPCP) avait déjà annoncé en mars qu’aucune accusation ne serait portée contre les policiers impliqués, mais n’avait pas établi les motifs menant à sa décision étant donné que le dossier cheminait toujours devant les tribunaux.
Kim Lebel ayant été déclaré non criminellement responsable pour troubles mentaux le 5 juin dernier, le Directeur a dévoilé mardi ses conclusions.
Le rapport explique que les parents de Lebel ont demandé une autorisation judiciaire pour forcer l’évaluation psychiatrique de leur fils après une intervention des policiers. Ayant en main le document, la mère de l’accusé s’est présentée au SPVQ à 12h25, soit trois heures et des poussières avant le drame, pour planifier l’intervention policière.
Quelques minutes trop tard
Un plan d’intervention est alors établi pour assurer la protection des agents impliqués dans les deux heures qui suivent. Il est déterminé que c’est l’équipe du soir, qui commence son quart à 15h, qui se chargera de l’intervention.
À 15h15, le capitaine «transmet l’approbation par courriel à l’agent et aux lieutenants chargés de la patrouille», peut-on lire dans le rapport du BEI. C’est là le signal que «l’exécution de l’ordonnance peut être menée».
L’intervention n’aura toutefois jamais lieu.
À partir de 15h42, plusieurs appels entrent au 911 concernant un homme qui est violemment agressé.
L’assaillant est Kim Lebel.
La victime, son voisin Jacques Côté, n’a eu aucune chance.
L’homme a été frappé à de multiples reprises à la tête à coups de barre de fer, «comme on fend du bois avec une hache», avait exposé le procureur de la Couronne devant le tribunal lors du verdict de non-responsabilité criminelle en juin.
Pas de faute criminelle, à suivre au civil
Le DPCP avait conclu qu’après analyse, aucune infraction criminelle n’a été commise par les policiers du SPVQ dans cette affaire.
«La possibilité que l’ordonnance ait pu être exécutée avant la survenance du drame ne peut constituer en soi une omission de se conformer à une obligation légale», observe le DPCP, qui ajoute toutefois une nuance.
«La conduite doit représenter “un écart marqué et important par rapport à la conduite d’une personne raisonnablement prudente’’, distinguant ainsi la faute civile de la faute criminelle.»
Cette distinction est importante, les parents de Kim Lebel ayant indiqué qu’ils envisageaient des procédures civiles contre le SPVQ.
«Normalement, le policier aurait dû, dès qu’il avait le jugement dans les mains, déléguer une patrouille et aller chercher le petit gars. C’est une erreur impardonnable», avait insisté l’avocat de la famille, Me Marc Bellemare, deux semaines après le drame.
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