«Il faut qu’il y ait des conséquences à abuser des enfants»

Alors que l’Église catholique de Québec mentionne qu’elle n’a pas les moyens de verser des dizaines de millions de dollars en compensation aux victimes d’abus de prêtres, des victimes et un avocat affirment que ce n’est que de la poudre aux yeux.

Source: TVA Nouvelles

« Je pense qu’on nous prend pour des imbéciles, à essayer de nous faire croire que l’Église n’a pas d’argent, que le diocèse de Québec n’a pas d’argent pour payer pour les erreurs des prêtres pédophiles. C’est à peu près n’importe quoi. J’imagine que ça fait partie de leur stratégie de négociations », a indiqué d’entrée de jeu l’avocat Me Marc Bellemare qui représente plusieurs victimes d’abus sexuels de Québec.

Une victime de l’Église baptiste, Josh Seanosky, a accepté de parler avec TVA Nouvelles puisqu’il est possible de dresser un parallèle entre son histoire et celles des victimes de l’Église catholique. Lorsqu’il avait fait sa demande de dédommagement, il s’était buté à la même réponse de la part de l’Église baptiste.

« Ça fait des années que je me bats pour ces procédures, ça ne me stresse pas, mais ce genre de réponse ne me surprend pas non plus. Ces gens-là, c’est drôle, mais quand il s’agit de payer c’est rendu eux les victimes. Ils auraient dû y penser quand ils ont commis des abus. Il faut continuer de se battre en cour, il ne faut pas lâcher et s’ils font faillite l’autre bord, bien ce n’est pas notre problème. Un moment donné, il va falloir qu’il y ait des conséquences à abuser des enfants », a-t-il expliqué.

Il encourage les victimes de l’Église catholique à calculer les actifs du diocèse.

« Je conseille de faire un inventaire des actifs de ces organisations, que ce soit le diocèse de Québec ou toutes les autres qui sont poursuivies, c’est ce que nous avons fait dans notre cas. Il ne faut juste pas se laisser distraire par ce que dit l’Église et il faut continuer à se battre pour obtenir justice », précise M. Seanosky.

Même son de cloche pour Jean Simard qui a été victime des Soeurs de la Charité à Québec. En 2012, ses avocats et lui avaient également décidé d’évaluer les actifs de la congrégation religieuse.

« Les Soeurs de la Charité avaient pour 330 millions d’actifs il y a 10 ans. On imagine qu’elles en ont encore plus maintenant », a mentionné M. Simard.

Ce dernier n’a pas voulu se prononcer sur le diocèse de Québec, mais il est convaincu que ce n’est pas une question d’argent.

« Être abusé sexuellement pendant des années par un membre du clergé, c’est grave. C’est difficile d’évaluer les montants correspondant à des agressions sexuelles, mais on est en mesure de le faire. Les jugements de cour sont à cet effet. Et nos demandes sont tout à faits dans l’ordre des choses », a conclu Me Bellemare.