Victime d’une tentative de meurtre, Sylvie Lachapelle doit se battre contre la CNESST

Par Amélie St-Yves, Le Nouvelliste

14 janvier 2024 à 04h00

Sylvie Lachappelle, le jour du verdict de culpabilité au palais de justice de la Tuque.

Sylvie Lachappelle, le jour du verdict de culpabilité au palais de justice de la Tuque. (Stéphane Lessard/Le Nouvelliste)

Quatre ans après avoir été rouée de coups par Patrice St-Amand en Haute-Mauricie, Sylvie Lachapelle a dû faire appel à un avocat pour être déclarée inapte au travail par la Commission des normes, de l’équité, de la santé et de la sécurité du travail (CNESST). Par ailleurs, le dossier pourrait se transporter devant un tribunal administratif parce qu’on ne lui reconnaît que 15% d’atteinte permanente.

«Il y a eu de la chicane entre son médecin et les médecins de la CNESST», résume Me Marc Bellemare. Le dossier s’est finalement rendu au Bureau d’évaluation médicale du ministère du Travail, qui est une sorte d’arbitrage, en octobre. Son médecin la déclarait incapable d’occuper tout emploi, mais pas les experts de la CNESST.

La femme de 56 ans a finalement eu la bonne nouvelle il y a quelques jours. Elle pourra recevoir des prestations de remplacement de revenus jusqu’au maximum prévu à la Loi sur les accidents de travail, c’est-à-dire jusqu’à 68 ans.

«Ce n’est pas parce que je ne veux pas travailler. J’ai toujours travaillé sept jours par semaine depuis que je suis jeune», mentionne la victime de Patrice St-Amand, la voix brisée par l’émotion.

Accepter qu’elle ne puisse plus travailler a été dur pour elle.

«N’importe quelle job, c’est du six à huit heures par jour. Moi, j’ai de la misère à faire une heure de ménage à la maison.»

—  Sylvie Lachapelle

 

Quatre ans après avoir été violemment attaquée par Patrice St-Amand, au bar Central de Parent en Haute-Mauricie, les séquelles sont encore invalidantes: troubles de mémoire, de concentration, maux de tête et stress post-traumatique, pour ne nommer que ça.

La CNESST reconnaît finalement l’incapacité à travailler de façon permanente, mais estime toujours ses atteintes permanentes à 15%.

Me Marc Bellemare estime que cela devrait être plus élevé.

«À 15% d’incapacité, tu es capable, normalement, de fonctionner, de faire pas mal de choses. À 45%, tu es invalide. Il y a comme une incohérence ici, entre le pourcentage qui a été reconnu et les limitations invalidantes à tout emploi.»

—  Me Marc Bellemare

 

Sylvie Lachapelle devra déterminer si elle souhaite poursuivre la bataille devant un tribunal administratif. Elle y réfléchit, mais indique que ça se peut fort bien.

Obtenir une modification à la hausse du pourcentage d’incapacité ne viendra pas influencer ses indemnités de replacement du revenu, mais plutôt un montant forfaitaire pour les séquelles permanentes.

À 15% d’invalidité, la CNESST lui octroie autour de 20 000$, une somme qui pourrait être appelée à tripler si elle obtenait un taux de 45%.

Patrice St-Amand a été reconnu coupable de tentative de meurtre en octobre dernier. Il pourrait avoir sa sentence au printemps.

Victime d’une tentative de meurtre, Sylvie Lachapelle doit se battre contre la CNESST (lenouvelliste.ca)