Le meurtre de Sharron Prior sur le point d’être élucidé, près de 50 ans plus tard

Photo de Sharron Prior.

 

Info Radio-Canada – Journaliste: Erika Morris –

L’exhumation d’un corps, autorisée par la décision d’un juge américain, pourrait bientôt permettre aux enquêteurs du Service de police de l’agglomération de Longueuil (SPAL) de résoudre le meurtre de la jeune Montréalaise Sharron Prior, commis il y a plus de 48 ans.

 Des échantillons d’ADN prélevés la semaine dernière sur la dépouille du suspect – Franklin Romine, un Américain décédé en 1982 – devraient mener bientôt à l’identification formelle du meurtrier de la jeune femme.

Âgée de 16 ans, l’adolescente avait été vue pour la dernière fois le 29 mars 1975, après avoir quitté son domicile familial, dans le quartier Pointe-Saint-Charles, à Montréal, pour aller rejoindre des amis dans une pizzeria voisine. La jeune femme ne s’est jamais rendue au restaurant.

 

Photo de Sharron Prior.

Son corps a été retrouvé trois jours plus tard à Longueuil. L’autopsie avait révélé que la victime avait été violée et battue à mort. Les enquêteurs avaient retrouvé sur les lieux un t-shirt d’homme utilisé pour immobiliser la victime, et des traces de pneus.

À peu près au même moment, une autre femme, cette fois âgée de 22 ans, avait rapporté avoir été victime d’une tentative d’enlèvement à la pointe d’un couteau sur la même rue où Sharron Prior avait été vue pour la dernière fois. La femme avait décrit son agresseur comme étant un grand homme blanc anglophone de 28 ans, aux yeux bleus, aux cheveux bruns et portant une moustache.

Pendant toutes ces années, malgré leurs efforts, les enquêteurs n’ont pu mettre la main sur un suspect dans cette affaire. Mais comme le dit le dicton : La justice a le bras long.

L’ADN au secours des enquêteurs

Mais les progrès de la science judiciaire en matière d’ADN ont mis les enquêteurs sur une piste qui les a conduits aux États-Unis.

Au cours de procédures judiciaires, le mois dernier, en Virginie-Occidentale, pour obtenir le droit de faire exhumer le corps de Franklin Romine, le détective de la police de Longueuil, Éric Racicot, a expliqué que des échantillons d’ADN provenant des vêtements de la victime ainsi que du t-shirt du présumé agresseur avaient été envoyés à un laboratoire judiciaire de Virginie en 2019 pour fin d’enquête.

En juin 2022, des recoupements génétiques ont révélé une correspondance avec le nom de famille Romine.

C’est à ce moment que le nom de Franklin Romine a attiré l’attention des enquêteurs. Une centaine de suspects avaient été interrogés au cours des années par les policiers dans cette affaire, mais Romine n’en faisait pas partie.

Photo judiciaire de Franklin Romine

Ce dernier avait demeuré à deux adresses à Montréal et à Longueuil dans les années 1970. Bien que Romine avait trois frères, aucun d’entre eux n’avait jamais vécu à Montréal, à part lui. Un véhicule immatriculé au nom de Romine à Montréal était aussi compatible avec les traces de pneus trouvées dans la neige sur les lieux du crime.

Franklin Romine possédait par ailleurs un casier judiciaire bien rempli aux États-Unis et avait aussi eu maille à partir avec la police de Montréal à l’époque.

En décembre 2022, la police de Longueuil a reçu des échantillons d’ADN provenant des deux frères vivants de Franklin Romine pour fin de comparaison.

Des enquêteurs tiennent des sacs de preuves devant une pelle mécanique.

Les frères ont accepté de donner de l’ADN, mais ce n’était pas suffisant, alors il a fallu aller chercher des échantillons corporels chez M. Romine pour voir si les échantillons prélevés sur le corps de Sharron Prior correspondaient, relate l’avocat Marc Bellemarre, conseiller juridique de la famille Prior.

Les photos de famille du suspect montrent Romine comme étant un homme de grande taille, aux cheveux brun-roux et portant une moustache, ce qui correspond à la description de la femme qui avait été agressée sur la même rue que Sharron Prior.

Nous voulons que la famille sache que nous n’avons jamais abandonné et que nous sommes si près de trouver des réponses, a déclaré l’agent Charrette à nos collègues de CBC.

Bien que les enquêteurs du SPAL croient avoir identifié le meurtrier de Sharron Prior, il faudra attendre encore trois semaines avant que les résultats des tests d’ADN effectués sur les restes de Franklin Romine soient officiellement publiés.

La mère de Sharron n’a jamais baissé les bras

Une femme tient l'affiche offrant une récompense.

Ce dénouement espéré depuis un demi-siècle sera certes un soulagement pour la mère de Sharron, Yvonne Prior, aujourd’hui âgée de 85 ans, qui n’a jamais cessé de chercher des réponses. C’est sans doute la meilleure journée qu’elle ait eue au cours du dernier demi-siècle, a déclaré à CBC Me Marc Bellemare, qui agit à titre de conseiller juridique de la famille.

En 2012, un donateur anonyme avait offert une récompense de10 000 $ à quiconque pourrait aider à résoudre cette enquête, mais sans succès.

Avec les informations d’Erika Morris, de CBC

 

https://ici.radio-canada.ca/nouvelle/1977877/exhumation-etats-unis-suspect-meurtre-sharron-prior