Soif de justice

 le 29 avril 2013

Comme je vous le disais hier, samedi, j’ai participé au colloque La justice criminelle : l’œil des victimes, organisé par Me Marc Bellemare et l’Association des familles de personnes assassinées ou disparues.

Richard Martineau
TVA Nouvelles

Ça fait longtemps que je n’ai pas vécu une expérience aussi émouvante, aussi éprouvante.

UNE VALLÉE DE LARMES

Pendant trois heures, j’ai rencontré et discuté avec des proches de victimes d’actes criminels. Monsieur Martineau, mon fils s’est fait prendre pour un motard et s’est fait tuer alors qu’il faisait le plein à une station d’essence… Ma fille s’est fait violer et poignarder… Mon ex a étranglé mes deux enfants… Mon mari a été tué de 43 coups de couteau…Mon fils a été poignardé par des membres de gang de rue qui voulaient faire leur preuve… Ma blonde a noyé mes trois enfants… Mon fils a été violé et étranglé par un récidiviste… J’ai été violé pendant des années par mon gérant…Et cette jeune femme qui, pendant 45 minutes, parlait en tremblant de son amour, une petite fille de 18 mois tuée à coup de 12 par son père…Ils me montraient tous leurs photos: regardez mes petits-enfants, comme ils étaient beaux… Regardez ma fille, comme elle était lumineuse… Regardez mon mari, c’était l’homme le plus doux du monde, toujours prêt à aider…

Ils faisaient la queue pour me raconter leurs histoires, ils sanglotaient dans mes bras, une véritable vallée de larmes, j’étais complètement dévasté, dépassé, emporté par l’émotion…

Je n’avais rien à dire, je ne disais rien, tout ce que ces gens voulaient, c’était d’être écoutés.

PAS QUESTION DE VENGEANCE

Hier, dans Le Journal, un ancien prisonnier dénonçait le «désir de vengeance» des militants comme ceux que j’ai rencontrés samedi.

Cet homme dit n’importe quoi.

Il n’a jamais été question de vengeance, ce week-end. Mais de justice.

Il fallait d’ailleurs entendre l’ancien ministre Marc Bellemare. D’une voix douce, posée, sans jamais élever le ton, il l’a dit clair et net: «Il n’est pas question de vengeance. Tout ce que nous voulons, c’est le retour à l’équilibre entre les droits des détenus et les droits des victimes…»

Tenez, un exemple parmi tant d’autres.

Un homme qui a assassiné froidement un père de famille est épinglé. Lors du procès, on se rend compte que le policier qui lui a mis la main au collet ne lui a pas lu ses droits.

Résultat: l’homme est libéré et ne peut subir un autre procès.

Vous trouvez ça normal, vous? Au lieu de punir le policier qui a mal fait son travail, et de tenir un autre procès, non, c’est final bâton. Le gars est libre comme l’air pour le reste de ses jours.

Une vraie farce. Une gifle au visage des proches de la victime.

C’est fasciste de dire que ça n’a pas de sens?

RETOUR DU BALANCIER

Tout ce que je pouvais dire pour mettre un baume sur la douleur immense de ces personnes meurtries à vie, c’est: les gens sont avec vous.

Je le vois par les nombreux courriels que je reçois: on assiste à un retour du balancier.

Les citoyens sont écœurés des sentences bonbon et des libérations trop hâtives. Vous n’êtes pas seuls.